Enquête troublante à Concarneau – Jean-Luc Bannalec – Presses de la Cité, Mars 2021.

Je découvre par ce roman le commissaire Dupin dont je ne connaissais ni les enquêtes livresques ni l’adaptation cinématographique, je n’avais pas non plus entendu parler de Jean-Luc Bannalec, auteur d’origine allemande que l’on croirait breton pure souche tant son écriture est immersive !

Le docteur Chaboseau, notable issu d’une des familles les plus anciennes et les plus fortunées de Concarneau, dont la réputation est excellente, est retrouvé défenestré dans la cour de son immeuble. Alors que la plupart de ses collaborateurs sont en congés pour fuir un commissariat en travaux, le commissaire Georges Dupin voit son week-end de Pentecôte en amoureux bouleversé par deux évènements de taille : d’une part, l’arrivée impromptue de ses beaux-parents et d’autre part cette enquête inattendue, qui mène Dupin sur les traces d’un tueur avide de vengeance.

Pour ses amis proches, l’un pharmacien, l’autre négociant en vin, ainsi que pour son épouse, Chaboseau était un homme apprécié de tous. Pourtant, les pistes ne manquent pas car le médecin réputé était également mécène dans plusieurs domaines : entrepreneur et investisseur dans l’immobilier, il aidait au développement des brasseries et conserveries locales et s’investissait dans la construction navale. Il se passionnait également pour l’art: autant de pistes à suivre pour tenter de démasquer le coupable… Après l’avoir fait rechercher par monts et par vaux, le commissaire va, grâce à l’efficacité incomparable de son assistante Nolwenn, enfin avancer dans cette enquête particulièrement retors.

Enquête troublante à Concarneau est un roman policier original et savoureux, je dirai qu’il est « rétro » et ça fait du bien parfois d’être déconnecté d’un monde où tout file à toute vitesse. Le lieu de l’intrigue tout d’abord est une invitation au voyage. Lisez le premier chapitre et faites vos bagages, direction Concarneau : oui, en cette nouvelle période de confinement, les quelques pages de ce roman m’ont procuré un grand bol d’air! Les personnages, y compris secondaires sont charismatiques, mais je retiendrai surtout Georges Dupin qui voue un véritable culte aux spécialités culinaires bretonnes : les descriptions de ses nombreux repas sont plaisantes jusqu’à un certain point car on frise tout de même l’indigestion ! Certaines situations qui mettent en scène le commissaire sont cocasses, notamment avec ses beaux-parents, ce qui contribue à le rendre très sympathique. De nombreux protagonistes participent à cette enquête, il faut être attentif pour tous les retenir, mais le style de l’auteur, notamment au niveau des dialogues, est assez théâtral et il est donc facile d’imaginer les interactions entre les personnages et de les retenir aisément. J’ai particulièrement apprécié l’hommage rendu à Georges Simenon, par l’utilisation de son roman « Le chien jaune » comme élément de l’intrigue : le commissaire Maigret a en effet mené plusieurs enquêtes à Concarneau, l’originalité de Jean-Luc Bannalec est d’intégrer l’intrigue de ce roman dans sa propre énigme.

A découvrir pour les amateurs de roman policier « du terroir », j’ai apprécié cette lecture pour laquelle je remercie vivement les Editions Presses de La Cité ainsi que NetGalley.