L’homme sans sommeil – Antonio Lanzetta – Editions Mera – 16 Janvier 2024.

Bruno est un jeune garçon de treize ans qui vit dans un orphelinat en Italie, où il est harcelé par ses camarades d’infortune et subit les brimades et mauvais traitements des prêtres chargés de leur surveillance. Après qu’un certain Nino ait pris sa défense, Bruno se noue d’amitié avec ce nouveau venu, un étrange garçon qui porte sur le corps les stigmates de graves brûlures. Embauchés comme main d’oeuvre pour l’entretien de la propriété d’une riche famille des environs, ils passent ensemble l’été au manoir. Bruno rencontre Caterina, une petite fille qui déambule en pyjama dans les couloirs et semble vivre au dernier étage de la sombre bâtisse. Caterina confie à Bruno la tâche de veiller sans faille sur son petit chat Mephisto. Plongée dans une atmosphère pesante, la maison semble garder l’empreinte du passé et de la famille qui y a vécu autrefois. Sans parvenir à se l’expliquer, Bruno devient la proie d’étranges rêves et peine à distinguer le réel des songes. Deux cadavres sont bientôt retrouvés semi-enterrés sur la propriété, les carabinieris portent leurs soupçons sur le propriétaire des lieux, le professeur Zeno Aloïa.

Pietro di San Michele est un village de montagne bordé de forêts et de grottes, niché au coeur de la Campanie. La seconde guerre mondiale se termine et les habitants semblent retrouver une vie normale. Les deux enfants, Bruno et Nino, découvrent le manoir et ses environs : d’énigmatiques statues ornent le jardin, une bibliothèque cachée dans une tour recèle de sombres secrets, une maison abandonnée dans les environs semble avoir été le théâtre d’un drame horrible et en garde encore les stigmates. Les deux garçons rencontrent des personnages qui semblent avoir beaucoup de choses à cacher… ou à révéler : Pia l’austère gouvernante, Hans l’allemand qui sculpte des oiseaux dans du bois, et Catalina cette petite fille que seul Bruno semble apercevoir… Intrigant, n’est-ce pas ?

La couverture mentionne l’auteur comme étant le Stephen King italien. Une atmosphère horrifique, un penchant pour la fantastique certes, mais surtout un style sobre et sombre qui évoque les contes gothiques, plutôt que l’écriture de SK. J’ai à plusieurs reprises durant ma lecture songé à l’ambiance ténèbreuse des romans de l’espagnol Carlos Ruiz Zafon, notamment en raison du contraste entre les extérieurs chaleureux et ensoleillés de la province italienne et les profondeurs ténébreuses du manoir et autres dépendances que vous découvrirez par vous même. Croire que les soucis s’effacent au soleil est une aberration, Bruno dont l’âme est profondément perturbée vous le prouvera. Bruno ou l’histoire d’un enfant qui se bat pour échapper à ses traumatismes mais qui est irrémédiablement rattrapé par ceux-ci, d’autant que le mal à l’état pur s’en mêle, ne lui donnant aucune échappatoire.

J’ai retrouvé également quelques points communs avec Donato Carrisi : comme dans les romans de ce grand auteur de thrillers psychologiques italiens, de nombreux personnages se trouvent aux portes de la folie… L’ensemble manque certainement de fluidité, peut-être est-ce dû au fait que j’ai lu une épreuve non corrigée, et le dénouement est un peu trop opaque à mon goût. Le roman se déroule sur plusieurs temporalités et j’aurais aimé que les chapitres consacré à l’âge adulte de Bruno soient plus développés. Toutefois, l’atmophère que l’auteur parvient à créer est terriblement ensorcelante. sur ce point, je parlerai même de pépite… Rien que pour cela, ce roman mérite d’être lu!

Merci aux Editions Mera via Netgalley pour cette découverte.