Le cheptel – Céline Denjean – Editions Marabout Pocket, Janvier 2018.

Quelle découverte ! Je lis pour la première fois cette auteure : autant vous dire de suite que ce ne sera pas la dernière ! Mon seul regret : ne pas avoir lu La Fille de Kali, premier tome de la série consacrée au capitaine Eloïse Bouquet, Le cheptel vient en seconde place, s’ensuit Double Amnésie. J’ai hâte de rattraper mon retard! Je précise toutefois que Le Cheptel peut se lire indépendamment du précédent : seules quelques références y sont faites sans perturber la compréhension de l’intrigue.

Par alternance de chapitres, l’autrice nous présente le point de vue de ses personnages, dans un style d’écriture très différent et parfaitement adapté à leur rôle, ce qui rend le récit fluide et nuancé. Exercice difficile et réalisé avec brio: chacun des protagonistes a sa place dans ce récit sombre et machiavélique et un puzzle diabolique s’assemble au fur et à mesure de notre lecture.

Louis Barthes, notaire retraité, fait à 73 ans une découverte qui va remettre en cause toutes ses convictions : en triant les affaires de son défunt père, il tombe sur son propre certificat de décès (survenu à l’âge de 3 jours) établi en 1942 par le médecin de famille. Bouleversé par ce document officiel que rien n’explique, Louis tente de comprendre le mystère qui entoure sa naissance.

Adolescente âgée de 16 ans, Atrimen appartient à une communauté vivant en autarcie au sein des montagnes pyrénéennes, régie par la Grande Prêtresse Virinaë. Elle est promise à un mariage avec Anten, de quelques années son aîné, et a pour meilleure amie Elicen, d’un caractère beaucoup moins timoré que le sien. Ensemble, ils participent à la vie en collectivité et s’occupent des « petits », les enfants en bas-âge qu’il faut protéger lors des attaques terrifiantes des Boches…

Bruno participe à une randonnée avec son jumeau lorsqu’un accident manque de lui coûter la vie : une chute l’entraîne dans un torrent, mais in extremis, il parvient à se raccrocher à une branche. Le cours d’eau l’a entraîné loin des siens, il se retrouve blessé et perdu en forêt…

Dans les Cévennes, le corps d’une jeune femme, abattu par arme à feu, est découvert sur le bas-côté d’une route isolée. La capitaine de gendarmerie Eloïse Bouquet et son supérieur Matthieu Vicenti en charge de l’affaire, constatent qu’elle est vêtue d’une tenue marginale, comme provenant d’une autre époque.

La destinée de ces personnages se rejoignent au terme d’une enquête sordide sur fond de trafic d’êtres humains. La chronologie est impeccable: une course contre la montre de plusieurs jours nous entraîne dans un récit addictif et fascinant. Je me suis attachée à certains personnages, notamment Louis, le notaire, dont la quête est émouvante. Je me suis aussi mise à la place d’Atrimen et d’Elicen, comprenant avec effroi le conditionnement extrême auquel peuvent être soumis les membres d’une secte. Et pas seulement: les références à la seconde guerre mondiale et au nazisme nous rappellent que, sans y prêter garde, nous pouvons tous être manipulés… Le final est apocalyptique, d’une noirceur sans pareille: âmes sensibles s’abstenir !