Et puis mourir – Jean-Luc Bizien – Editions FAYARD, Septembre 2020.

Hiver 2018, les rues de la capitale se parent de jaune, couleur du mécontentement que sont venus manifester des milliers de citoyens face à un gouvernement qui semble ignorer leur désespoir. Chaque samedi des scènes dignes d’une guerre civile animent un Paris transformé en champ de bataille… Forces de l’ordre, manifestants et Black Blocs s’affrontent au cœur des beaux quartiers de la capitale. Parmi eux se faufile un homme, quasi invisible au milieu de cette foule déchainée, motivé par un tout autre combat, une vengeance toute personnelle qui va l’amener à commettre des crimes barbares.

Une tombe profanée au cimetière du Père Lachaise, un cadavre sorti de terre mutilé… Quelques semaines plus tard, un riche homme d’affaire à la retraite est assassiné chez lui, dans un luxueux appartement parisien. Les sévices qui lui ont été infligé sont similaires aux mutilations observées sur le cadavre du cimetière. Le tueur a t-il eu besoin de s’entraîner avant de passer à l’acte sur une victime vivante? Quelles sont ses motivations, va t-il s’en prendre à d’autres personnes ? C’est ce que le commandant Le Guen, ancien de la Crim et vieux de la vieille au 36 Quai des Orfèvres, va tenter de déterminer avec l’aide de son co-équipier Agostini…

Et puis mourir est un polar qui se lit très rapidement car le lecteur, une fois appâté, a envie de connaître les raisons de ces meurtres, ce secret enfoui qui mérite une telle vengeance, bien que l’on se doute du dénouement assez facilement. La trame de l’enquête est assez classique, ce qui ne l’est pas en revanche c’est la toile de fond du roman : ce conflit social qui résonne encore dans toutes les têtes en dépit de son interruption pour cause de covid. Le sujet est travaillé et de belles réflexions en découlent, notamment le fait que les actes d’un criminel assimilé à un gilet jaune puissent être récupérés par des partis politiques soucieux de dynamiter le mouvement…

Ce que j’ai le plus apprécié dans ce roman est la profondeur des personnages, y compris la personnalité du meurtrier, qui est somme toute attachant en dépit des crimes qu’il commet… Il est empli de contradictions mais émane de sa personnalité un altruisme certain, ce qui rend ce monstre très humain. Ensuite, le duo de policiers breton et corse est finement traité : Le Guen et Agostini ne sont pas forcément fait pour s’entendre au vue de leurs forts caractères respectifs, mais de leur relation découle une réflexion intéressante sur la justice. Chaque personnage possède un comportement particulier, souvent excessif que l’on ne comprend pas au départ mais qui pourtant s’explique au fur et à mesure de la lecture.

Pour conclure je remercie NetGalley et les Editions Fayard de m’avoir accordé la lecture de ce très bon polar, que je vous invite bien volontiers à découvrir.