La tresse – Laëtitia Colombani – Le Livre de Poche, 2019.

Trois femmes séparées par des milliers de kilomètres se retrouvent confrontées à des situations cruciales qui remettent en cause leurs conditions de vie. Sans qu’elles ne se connaissent, leurs destins vont se retrouver enchevêtrés, unis à jamais par un lien puissant, symbole d’espoir et de renouveau.

Ces trois guerrières de la vie, les voici : Smita, une jeune mère de famille vit en Inde et subit la condition liée à son clan, les Intouchables. Elle est astreinte aux corvées les plus ingrates et ne souhaite pour rien au monde que sa propre fille subisse le même sort. L’issue lui semble alors être l’éducation, mais à l’école la petite fille est rejetée, réduite à une moins que rien, Smita décide alors de s’enfuir avec son enfant à l’autre bout du pays où espère t-elle, elles pourront vivre libres. En Sicile, Guilia travaille dans l’atelier de son père, lorsque ce dernier, victime d’un accident, lui laisse sur les bras une entreprise déficitaire qui emploie plusieurs ouvrières. Alors que la fermeture semble inévitable, Giulia décide, envers et contre tout, de se battre pour sauver l’entreprise familiale. A Montréal, Sarah est une avocate réputée en passe de prendre la tête de son cabinet lorsqu’elle apprend qu’elle est gravement malade. En plus de devoir faire face à un cancer qui la dévore, elle comprend vite que dans son univers professionnel sans pitié ni commisération aucune, les malades sont vite mis au ban de la société.

Trois récits entrelacés dont la forme épouse le fond. Les chapitres sont courts, consacrés à tour de rôle à chacune des protagonistes, et l’on se passionne tout de suite pour les destins de ces trois femmes, bouleversantes et exemplaires: Smita est née là où il ne fallait pas, dans un milieu totalement déshérité où les siens n’ont pas de statut, pas de considération et où la soumission semble être la seule et unique règle. Giulia est confrontée à la faillite de l’entreprise familiale qu’elle croyait jusque là pouvoir pérenniser. Et le sort s’acharne contre Sarah à qui tout avait jusque là réussi dans la vie… Aucune ne cédera à l’adversité, se battre sera leur seul mot d’ordre, à l’unisson comme si aux quatre coins du monde, leurs histoires se donnaient écho, tissant une tresse d’espoir et d’humanité. Aux détours de ces pages vibrantes de sensibilité, on devine en quoi consiste ce lien qui va les unir, symbole de force et de liberté. La tresse ou le pouvoir des mots au service de l’espoir… Emue aux larmes par ce magnifique récit, dévoré en quelques heures, je le conseille à toutes et à tous.